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Batorama accueillera son premier bateau 0 emission en mars 2023

Batorama accueillera son premier bateau 0 emission en mars 2023

A Strasbourg, Batorama, le spécialiste des croisières-promenade, mettra à l’eau dès l’an prochain le premier navire zéro émission de son programme Caravelle. Reynald Schaich, directeur adjoint chez Batorama nous en dit plus.

  • Batorama s’apprête à lancer son premier bateau-promenade zéro émission. Le projet est en gestation depuis un moment ?

Effectivement, nous avons lancé le projet en 2016, il a nécessité quasiment six ans d’études avec le cabinet Ship-ST, basé à Lorient. Il a d’abord fallu travailler sur la motorisation pour déterminer quel type de propulsion adopter. A l’époque, on parlait beaucoup de l’hydrogène, mais l’hydrogène vert n’est pas encore au point.

Nous voulions construire un bateau zéro émission, car nous avons toujours été très sensibles aux questions de responsabilité environnementale. Nous vivons sur l’eau, nous vivons de l’eau et d’ailleurs, nous avions lancé déjà en 2000 le plus gros bateau à propulsion électrique de France – 123 places. C’était un bateau prototype, qui nous a permis « d’essuyer les plâtres », et qui tourne toujours 22 ans après. C’est grâce à cette première expérience que, depuis 2016, nous sommes relativement sereins à l’idée de passer toute notre flotte du thermique à l’électrique.

Néanmoins en 20 ans, l’électrique a évolué de façon considérable. Par exemple, en 2000, nous étions sur des batteries au plomb -soit plus d’une dizaine de tonnes de batterie – tandis qu’avec le nouveau navire, nous aurons des batteries lithium/fer/phosphate, beaucoup plus légères.

  • Vous pourrez donc recharger ce bateau à quai ?

Exactement. Nous travaillons dans le cœur de Strasbourg mais nos bateaux rentrent tous les soirs dans des docks, sous des hangars couverts. Pour l’heure, nos bateaux seront raccordés au réseau, mais nous sommes en discussion avec le propriétaire qui nous loue les terrains afin de voir comment nous rendre plus autonomes en termes énergétiques. Nous pensons notamment aux panneaux solaires sur les toits des docks, nous y travaillons.

  • Quand ce nouveau bateau arrivera-t-il ?

Après six ans d’études et une année de construction, il sera mis en service en mars prochain. Nous allons le tester pendant un an, puis nous modifierons notre cahier des charges en fonction des résultats des tests afin de lancer la construction – par vague ou probablement en deux fois trois – des bateaux qui vont venir remplacer notre flotte actuelle.

La construction de ce premier bateau a été confiée au chantier naval Transmetal Industrie de Saint-Mandrier-sur-Mer, près de Toulon. Nous les avons choisis parce que ce sont des spécialistes de la chaudronnerie aluminium et on ne fait pas une coque en aluminium comme une coque en acier. Il se sont, de plus, associés à des « pointures » pour tous les aspects du bateau : l’électricité avec Alternatives Energies, les sièges, etc.

Autre particularité du futur bateau : contrairement à nos navires actuels, qui sont soit couverts, soit découverts, celui-ci sera découvrable. Les vitrages latéraux pourront rentrer dans la coque du bateau. C’est le groupe industriel hollandais Rafa, spécialiste des verrières, qui travaille dessus. Il y a de la R&D en permanence, car il s’agit d’un bateau très différent de ce que l’on a l’habitude de faire dans le milieu du bateau-promenade.

En parallèle, nous sommes en train de développer un outil de médiation numérique afin d’équiper chaque siège du bateau d’une tablette et ainsi faciliter l’accès à la visite de la ville. Nous espérons améliorer qualitativement l’expérience de visite grâce à ce nouveau bateau.

Petit à petit, nous allons donc remplacer nos 9 bateaux thermiques par 7 navires zéro émission. Cela aurait dû se terminer en 2025, mais le Covid a reporté nos projets. Nous allons également remplacer notre bateau événementiel qui est une vedette hollandaise de 1976, même si les clients l’adorent et qu’à l’intérieur tout est neuf. A un moment, ça n’est plus acceptable dans une ville de garder des moteurs thermiques.

  • Batorama navigue depuis 75 ans à Strasbourg. Aujourd’hui, vous accueillez en moyenne 800 000 visiteurs par an à bord de vos bateaux-promenades. Envisagez-vous de vous étendre ?

Nous avons acquis une forme d’expérience que, je pense, nous pouvons aujourd’hui dupliquer ailleurs. Pas en faisant exactement la même chose, mais en dupliquant les principes qui ont toujours guidé notre développement. Par exemple, nous sommes vraiment très à cheval sur le service aux clients. Sur les bateaux actuels, nous avons fait enregistrer les commentaires en coréen, en chinois ou encore en japonais par des comédiens radio chinois, japonais et de Hong Kong, pour éviter le moindre accent européen, mais aussi pour que les clients puissent éventuellement reconnaitre un comédien qu’ils ont l’habitude d’entendre dans leurs pubs radio.

Autre exemple, d’un point de vue du design des nouveaux bateaux, nous avons reconstitué numériquement l’Ill – la rivière qui traverse Strasbourg – pour faire passer la maquette numérique du bateau et tester tout ce qui touche aux frottements et tester la carène du bateau. Un peu comme Airbus qui fait des tests de ses avions en soufflerie numérique, nous le faisons en hydraulique numérique.

Finalement, Batorama a un ADN de développeur. Même si le Covid nous a un petit peu coupé les ailes à un moment où nous regardions pour nous développer, aujourd’hui, cette période est terminée.

  • De combien de bateaux disposez-vous ?

Nous avons 9 bateaux-promenades – 5 bateaux couverts climatisés et 4 découverts – ainsi qu’un bateau événementiel. Il y a un an, nous avons également lancé une petite compagnie de bateaux-taxis, avec un bateau électrique pour le moment.

Pour ce bateau-là, nous avons développé une page de réservation dédiée sur notre site web. Les clients n’ont qu’à sélectionner le jour, l’heure et le point de départ et d’arrivée et, en fonction de la position du bateau et de l’heure, le système va leur dire quel ponton est disponible.

Néanmoins, pour le moment, cette activité pure de taxi est un peu limitée par le nombre de pontons : nous n’en avons que dix. Donc au final les clients réservent le bateau plutôt pour une visite touristique privée. Notre cheval de bataille reste donc l’augmentation du nombre de points de prise en charge et de dépose au cœur même de Strasbourg pour développer réellement cette activité de bateaux-taxis.

Et nous sommes opiniâtres : nous avons commencé il y a deux ans avec trois pontons, nous en avons désormais dix et nous espérons en compter une vingtaine d’ici deux ans, malgré la complexité du projet et la superposition des gestions entre VNF, la ville, le département, la région, le port autonome… L’objectif à terme pour nous serait de pouvoir positionner trois bateaux.

Source : TourMaG.com